Actions pour protéger la Vie dans Les Guilleries, Catalogne
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par Zsanna Sebesteny
Photos avec l’aimable autorisation de Sonja Stich
J’ai assisté à mon premier atelier du Travail qui Relie en mai 2021, avec Transalquimia, une association qui propose des ateliers d’écologie profonde en Catalogne, Espagne du nord. J’avais entendu parler de Joanna Macy dans les écrits de Pablo Servigne. Ce qui résonnait pour moi était le besoin d’apprendre à parler de façon directe mais avec empathie et douceur concernant la perte de vie dans les temps à venir, tout en cultivant la force et les ressources pour préserver la Vie. J’ai découvert plus en ligne, à travers les formations du Réseau Transition sur la Transition Intérieure, ce qui m’a amenée à m’inscrire pour un atelier en personne du Travail qui Relie.
Colline. Photo par Sonja Stich
La retraite s’appelait La Espiral del Tiempo Profundo (La Spirale du Temps Long). A la fin de la quatrième étape, je savais que j’étais de retour chez moi, re-connectée à mes racines, reliée à nouveau avec ma raison d’être sur Terre. Le cadre pour cette expérience profonde était le beau centre de retraite de La Fradera, dans la forêt sauvage de Les Guilleries (nom en Catalan) en Espagne. La forêt était une inspiration profonde pour moi et j’ai appris pendant ce premier atelier que son avenir était menacé. Je sentais que je voulais la défendre, mais je ne savais pas comment y contribuer à ce moment-là.
Le centre de retraite de la Fradera était aussi le cadre de la deuxième expérience qui a profondément changé ma vie, une Quête de Vision en français. Cela m’a donné le sentiment que j’avais apaisé toute l’histoire de ma vie jusqu’à ce point (j’ai 61 ans) et qu’une nouvelle page s’ouvrait à moi, une page blanche avec tout à écrire. La semaine après la Quête de Vision, je me suis réveillée un matin sachant que les premiers mots que j’écrirais sur cette page seraient pour m’inscrire à la formation de facilitateurs du Travail qui Relie.
J’avais quitté ma vie précédente à Paris deux ans auparavant, juste avant le premier confinement lié au Covid. Ayant découvert les zéros déchets et la permaculture, je voulais cultiver un jardin forêt, quelque part, à un moment donné, afin de laisser un sanctuaire d’épanouissement de la Vie pour les générations futures. Ce projet demeurait un appel intérieur, mais je me doutais que j’aurais besoin d’aller doucement et peut-être suivre quelques méandres sur le chemin avant de planter mes premiers arbres!
Mon deuxième atelier du Travail qui Relie était le Conseil de Tous les Êtres (El Consejo de los Seres de la Naturaleza) en octobre 2021, proposé par Claire Carré de l’association Roseaux Dansants, en partenariat avec Transalquimia. Cela me semblait si naturel et si essentiel de donner voix aux êtres de la forêt.
Ce conseil était suivi directement par la formation à l’animation du Travail qui Relie. Cette formation m’a ouvert de nouvelles perspectives sur l’harmonie qu’il est possible de vivre en relation avec d’autres humains, ainsi qu’entre les humains et d’autres êtres de toute nature et de tous temps.
Prison du pylone. Photo par Sonja Stich
C’était aussi le moment où j’ai compris plus profondément le danger qui menaçait la forêt magnifique qui m’a reçue pour toutes ces expériences transformatrices. Il existe un projet d’installation de 37 pylones de haute tension, qui fait fi de plusieurs directives européennes qui visent à protéger cette région et beaucoup de ses espèces et habitats, qui sont sérieusement menacés de disparaître.
J’ai appris qu’un collectif qui s’appelle NoalaMAT a mené campagne depuis des années contre ce projet qui porte la destruction de la Vie, puisque le projet des pylones avait été annulé et a redémarré à plusieurs reprises. Xavier Compte et Diana Bacanu, les fondateurs de Transalquimia.org, préparaient des dossiers de dénonciation de ce projet, à la destination de la Commission européenne et du Parlement européen.
Quand une amie facilitatrice m’a dit, quelques mois plus tard, qu’une décision allait être prise pendant l’été 2022 concernant ce projet, j’ai réalisé l’urgence de la situation et je savais que je devais participer à la défense de la forêt d’une manière ou d’une autre, même de ma position géographique éloignée depuis Toulouse, en France. J’ai proposé de faire un film, chose que je n’avais jamais faite auparavant ! Mais mon expérience de co-création fluide avec mes co-animateurs-en-formation, ainsi que les connexions organiques et synergiques entretenues étroitement avec eux depuis la fin de la formation m’ont donné du courage.
L’association locale NoalaMAT avait déjà fait plusieurs vidéos et filmé des rushs de drône au cours de leurs projets de protestations. D’autre part, une photographe professionnelle et locale, Sonja Stich (1), avait fait des montages fabuleux de prises de vue pour des expositions visant la sensibilisation locale. Nous avions donc de la matière en abondance pour faire un premier film d’appel-à-l’action, avec l’objectif d’obtenir des signatures pour une pétition qui pourrait appuyer les dénonciations qui seraient adressées à la Commission et au Parlement européens.
La structure que nous avons choisie pour l’histoire de ce film de 2 minutes était la spirale du Travail qui Relie.
Commençant avec des prises de vue de drône qui manifestaient notre Ancrage dans la gratitude pour la beauté de cette région forestière, nous avons suivi avec les faits et chiffres qui illustrent l’étendue du danger pour les espèces menacées ainsi que la nature des menaces à toutes formes de vie, dans la section suivante, Honorer notre peine pour le monde.
Poser un regard neuf avec des yeux anciens consiste en la communication de l’existence d’alternatives saines et sobres au projet électrique d’envergure qui était envisagé. Le projet implique la destruction de la Vie afin de consommer plus d’énergie inutilement, tandis que beaucoup d’humains, y compris dans le gouvernement local, se sont dressés pour défendre cet environnement précieux, où la Vie s’épanouit encore pour le moment.
L’appel. Photo par Sonja Stich
Aller de l’avant au service de la Vie nous a permis d’envoyer une invitation de la part de ces ‘guerriers de Shambhala’ qui dédient leur énergie pour défendre la Vie dans cette région. Nous avons encouragé la participation sous la forme de signatures pour la pétition.
Nous avions la chance d’avoir un compositeur, Emmanuel Blanc (2) et un monteur, Andy Redwood (3) professionnels qui ont offert leur temps et compétences pour aider notre équipe à créer un film qui nous a émus nous-mêmes, ainsi que, apparemment, ceux et celles qui l’ont vu et qui ont senti l’élan de signer la pétition en soutien à cette action de préservation de la Vie.
Le projet a été reporté mais pas encore abandonné. Nous devons poursuivre nos actions, qui incluent de développer une compréhension plus claire des procédures et méthodes de la Commission Européenne. La Commission a fermé le dossier de plainte, définissant la dénonciation comme un cas individuel plutôt qu’une brèche systémique des directives européennes. Nous continuons donc d’aller de l’avant!
Nous donnons la voix aux êtres de la forêt, les ancêtres et les générations futures, ainsi qu’aux habitants humains de la région
Un troisième film mijote au fond de mon cœur à présent, basé sur les principes du rituel de la Septième Génération et l’éthique de la Tutelle nucléaire.
Pour l’équipe qui travaille sur ces films, il est évident que l’inspiration vient de la Terre elle-même. Nous souhaitons lui donner l’occasion de se faire entendre. Je suis tellement reconnaissante d’avoir rencontré la pensée de Joanna Macy, Chris Johnstone, John Seed, Arne Naess, Pat Fleming et tant d’autres, qui nous ont donné les outils pour écouter Gaïa et lui donner voix.
Faire les films eux-mêmes est juste un pas vers la propagation de ces messages de la Terre
Par exemple, avec l’équipe de co-facilitateurs qui produisent ces films, nous avons trouvé du soutien, des ressources, inspiration et aide pour renforcer l’effet d’entraînement de notre message à travers la formation en ligne que plusieurs d’entre nous ont suivi et achevé cet été, avec Chris Johnstone and Madeleine Young, nous formant pour animer des Cercles d’espérance en mouvement.
Un aspect significatif de la richesse de cette formation tient aux liens durables qui se font entre nous pendant la durée de cette formation de 4 mois, lors des sessions en groupe toutes les 2 semaines, ainsi que les pratiques en binôme entre 2 sessions. L’énergie de cette formation inspire déjà certains d’entre nous à traduire et à adapter les supports en français, espagnol et en catalan, encouragés et soutenus par l’équipe de la formation Active Hope Training (Espérance en Mouvement) au Royaume Uni, par Roseaux Dansants en France et par Transalquimia en Espagne, ainsi que les personnes que ces associations ont formées.
Je suis profondément reconnaissante d’avoir rencontré toutes ces personnes soutenantes, créatives et inspirantes depuis un an. Merci de tout coeur à vous tous ! J’ai hâte d’expérimenter des co-créations de plus en plus diverses sur les mois à venir !
Références
Liens vidéos
anglais – https://youtu.be/lItouICdujA
français – https://youtu.be/P8h_M6Wx3ZA
espagnol – https://youtu.be/YY1Wvbv2-Yw
catalan – https://youtu.be/UnaokYZr5iA
pétition – http://save-forest.org
Roseaux Dansants – http://roseaux-dansants.org/
Transalquimia – https://www.transalquimia.org/
Active Hope Training – https://activehope.training/
1) http://www.sonjastich.de/
2) http://www.emmanuelblanc.com/en/english/
3) https://andyredwood.com/
Holding Actions for Les Guilleries, Catalonia
by Zsanna Sebesteny
Photos with kind permission of Sonja Stich
I attended my first Work That Reconnects workshop in May 2021, at Transalquimia, an association offering Deep Ecology workshops in Catalonia, northern Spain. I had heard of Joanna Macy in the writings of Pablo Servigne. What resonated for me was the need to learn to talk directly but compassionately about the loss of life in coming times, while at the same time cultivating the strength and resources to preserve Life. I discovered a bit more online, through the Transition Network’s ‘Inner Transition’ trainings, which led me to register for a Work That Reconnects workshop in person.
Hilltop. Photo by Sonja Stich
The retreat was called La Espiral del Tiempo Profundo (The Spiral of Deep Time). At the completion, I knew I had really come home, back to my roots, now re-connected to my reason for being on Earth. The context for this experience was the beautiful retreat center of La Fradera, in the wild forest of Les Guilleries in Spain. The forest was a deep inspiration to me and I learned during this first workshop that its future was threatened. I felt I wanted to defend it, but didn’t know how to contribute at that point.
La Fradera Retreat Center was the setting for my second major life-changing experience, a Vision Quest in French. This gave me the feeling that I had put to rest all my life experience so far (I am 61) and had a new page opening, with nothing written on it. The week after the Vision Quest, I woke up one morning knowing that the first words I would write on that new page would be my registration to train as a facilitator of the Work That Reconnects.
I had left my previous life in Paris 2 years earlier, just before the first Covid lockdown. Having discovered zero waste and permaculture, I wished to plant a forest garden, somewhere, sometime, in order to leave a sanctuary for the thriving of life, for future generations. This project remained a calling, but I knew I was likely to go slowly and maybe take a few diversions on the path before planting my first trees!
My second Work That Reconnects workshop was the Council of All Beings (El Consejo de los Seres de la Naturaleza) in October 2021, offered by Claire Carré of the association Roseaux Dansants (Dancing Reeds), in partnership with Transalquimia. It felt so natural and so essential to give voice to the beings of the forest.
This council was directly followed by the training to facilitate the Work That Reconnects, which is known as Le Travail qui Relie in French. The training opened new vistas of the harmony that is possible in relationships among humans and between humans and other beings, of all times.
Pylon Prison. Photo by Sonja Stich
It was also the moment when I understood more deeply the danger that threatened the magnificent forest which had welcomed me for all these life-changing experiences. There is a project to install 37 high-voltage pylons, flying in the face of European directives to protect this region and many of its species and habitats, which are in serious danger of extinction.
I learned that a collective called NoalaMAT had been campaigning against this life-destroying project for many years, as the pylon project had been cancelled and re-started more than once. Xavier Compte and Diana Bacanu, the creators of Transalquimia.org, were preparing denunciations against the project to deliver to the European Commission and European Parliament.
When a fellow facilitator told me a couple of months later that a decision was going to be made in the summer of 2022 concerning this project, I suddenly realised the urgency and knew I had to contribute something, even from my geographical distance in Toulouse, France. I proposed to make a film, which I had never done before! But my experience of fluid co-creation with my co-facilitators-in-training, plus the ongoing synergistic connections we maintained very closely after our training, gave me courage.
The local association NoalaMAT had made many videos and taken drone footage in the course of their protests, while a local professional photographer, Sonja Stich (1) had done some amazing photo-art pieces for an exhibition to raise awareness. So we had abundant material to make a first call-to-action film, aimed to gain signatures for a petition to back the denunciations that would be addressed to the European Commission and Parliament.
The structure we chose for this film was to follow the spiral of the Work That Reconnects
Starting with drone shots manifesting our Grounding in Gratitude for the beauty of this forest region, we followed with the facts and figures related to endangered species and the nature of the threats to all Life, in the next section, Honouring Our Pain for the World.
Seeing Anew with Ancient Eyes involved demonstrating that there are healthy, sober alternatives to this plan. The proposed project involves destroying Life in order to needlessly consume more energy, whereas many humans, including in local government, have risen up to defend this precious environment where Life still flourishes for the moment.
The Call. Photo by Sonja Stich
Going Forth in Service to Life allowed us to send out an invitation from all these Shambhala Warriors who devote their energy to defending Life in this region. We invited participation in the form of signatures for a petition.
We were fortunate to have a professional composer, Emmanuel Blanc (2) and video editor, Andy Redwood (3) who gave their time and skills freely to help our team produce a film which brought tears to our own eyes, and apparently to many others who saw it and were moved to sign the petition in support of this holding action.
The project has been delayed but not yet abandoned. We need to pursue our actions, which include developing a clearer understanding of the European Commission’s procedures and methods. The European Commission has closed the complaint file, defining the denunciation as a case of individual concern rather than a systemic breach. So we continue Going Forth!
We are giving voice to the beings of the forest, the ancestors and future generations, as well as human inhabitants of the region
A third film is maturing in my heart at present, involving the principles of the Seventh Generation ritual and the ethics of Nuclear Guardianship.
It is clear to the teams working on these films that the inspiration to produce them comes from the Earth herself. We wish to give her the opportunity to be heard. I am so grateful to have encountered the thinking of Joanna Macy, Chris Johnstone, John Seed, Arne Naess, Pat Fleming and so many others, who have given us tools to hear Gaïa and give her voice.
Making the films themselves is just one step in allowing the Earth’s messages to be heard.
For example, with the team of co-facilitators I am working with to make these films, we have found support, resources, nourishment and aid to boost the ripple effect of our message through an online training a number of us followed and completed this summer, with Chris Johnstone and Madeleine Young, learning to facilitate Circles of Active Hope.
A significant aspect of the richness of this training lies in the enduring connections we form with one another over the 4-month course, in group sessions every 2 weeks and partnered exercises between 2 sessions. The energy from this training is already inspiring some of us to translate and adapt the materials into French, Spanish and Catalan, encouraged and supported by the Active Hope Training team in the UK, Roseaux Dansants in France and Transalquimia in Spain, along with the people trained by them all.
I am deeply grateful to have met all these supportive, creative and inspiring people in the last year. Heartfelt thanks to you all and I look forward to increasingly diverse co-creations over the coming months!
References
Video links:
English – https://youtu.be/lItouICdujA
French – https://youtu.be/P8h_M6Wx3ZA
Spanish – https://youtu.be/YY1Wvbv2-Yw
Catalan – https://youtu.be/UnaokYZr5iA
Petition – http://save-forest.org
Roseaux Dansants – http://roseaux-dansants.org/
Transalquimia – https://www.transalquimia.org/
Active Hope Training – https://activehope.training/
1) http://www.sonjastich.de/
2) http://www.emmanuelblanc.com/en/english/
3) https://andyredwood.com/
Zsanna Sebesteny a passé la moitié de sa vie en Angleterre avant de s’installer en France, où elle habite actuellement avec son compagnon espagnol, Pedro, partageant l’intention de cultiver un jardin-forêt-sanctuaire ensemble, dans un lieu encore à définir. Zsanna s’est formée cette année pour animer le Travail qui Relie, ainsi que les Cercles d’espérance en mouvement, qu’elle proposera en format hybri-langue : anglais et français. Avec quelques unes de ses co-facilitatrices, Zsanna travaille sur une série de films pour protéger la forêt menacée de Les Guilleries, le lieu qui les a accueillies pour leur formation transformatrice.
Zsanna Sebesteny spent half her life in England before moving to France, where she lives with her Spanish companion, Pedro, planning to cultivate a forest garden sanctuary together, somewhere yet to be determined. Zsanna has trained in the last year to facilitate the Work That Reconnects, as well as Circles of Active Hope, which she will offer in a mix of English and French. With some of her co-facilitators, Zsanna is working on a series of films to protect the threatened forest of Les Guilleries, the place that welcomed them for their life-changing training.